GUY NAIGEON / LES TROIS-HUIT ///
1 / LES TUEUSES
Zigouiller, buter, estourbir / Trucider, saigner, refroidir / Descendre, occire, ratatiner / Comme l'auraient fait les chères aînées / Faire que sa vie soit un roman / Dès le lycée prendre un amant / Et pour cela tuer père et mère / Comme l'aurait fait Violette Nozière
Jouer du missel et de la fesse / Et bousiller après confesse / Une demi-douzaine de connards / Comme l'aurait fait Marie Besnard / Etre la chienne des océans / Ferrailler en prouvant céants / Que la flibuste n'a pas un ride / Comme l'aurait fait Miss Mary Read
Haïr les bourgeoises exsangues / Leur arracher les yeux, la langue / Pour que leur passe le goût du pain / Comme l'auraient fait les soeurs Papin / Rugir après avoir parlé / Délaisser Marx pour traiter les / Patrons à la Kalachnikov / Comme l'aurait fait Ulrike Meinhof
Se baigner à la lueur des cierges / Dans le sang de cent mille vierges / Pour ranimer son teint flétri / Comme l'aurait fait le Bathory
Chérir un pédé chimérique / Tenir en joue toute l'Amérique / Et crever du plomb plein le coeur / Comme l'aurait fait Bonnie Parker / Empoisonner la Cour de France / Et vomir sur un peuple en transes / Au-dessus des flammes liées / Comme l'aurait fait la Brinvilliers
Puis toucher terre le moins lourdingue / Sans surin ni fiole ni flingue / La télécommande en fusion / Zapper au final sacrilègue / Devant lécran muet qui s'enneige / Toute palpitante d'illusions / Se remémorer tant d'histoires / Dresser d'urgence sa liste noire / Pour un crime être au rendez-vous / Mais s'endormir devant la tâche / L'âme en fureur et la main lâche / Comme n'importe lequel d'entre vous
(Paroles : Pierre Philippe, Interprète : Juliette)
2 / LES MEURTIES...ERRENT
Chaque femme a en elle le femme sauvage. Mais la femme sauvage, comme la nature sauvage, comme l'animal sauvage, est victime de la civilisation. La femme qui récupère sa nature sauvage est comme les loups. Elle court, danse, hurle avec eux. Elle est débordante de vitalité, de créativité (Clarissa Pinkola Estes)
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Aujourd'hui quand une femme sauvage rencontre une autre femme sauvage, que (se) racontent-elles ? Des histoires de femmes sauvages, ludiques et joyeuses qui tuent, qui errent, qu baisent, bref qui libèrent les rêves diurnes qui dorment en nous. G.N.
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3/ CONVERSATION DE B.B AVEC G.N
B.B. - Tu veux parler de la pièce ?
G.N. - ...
B.B. - De la mise en scène ?
G.N. - ...
B.B. - Des actrices ?
G.N. - ...
B.B. - Tu veux que les personnages parlent ?
G.N. - Oui
(Clytemnestre et Meinhof)
C : Pouvez-vous m'essuyer le dos s'il vous plaît ? Je n'y arrive pas toute seule. Je n'ai jamais rien fait seule. Même tuer. Vous avez les mains douces. Vous me rappelez ma fille. Vous venez souvent ici.
M : Toutes les semaines. Jamais le même jour, jamais aux mêmes heures.
C : Vous avez des enfants ?
M : Ca n'a pas d'importance.
B.B. - C'est tout ?
G.N. - Oui
B.B. - Tu devrais faire des coupures.
4 /
Les 2 actrices Femmes Sauvages (Marie-Aude C. et Valérie L.) portent en elles-même les fantômes (du grec phantasma - fantasme) de Viloette N., Christine P., Ulrike M., Christine M. et toutes les autres.
EQUIPE DE CREATION
texte : Sandrine Bauer
mise en scène : Guy Naigeon
avec : Marie-Aude Christianne et Valérie Leroux
scénographie et costumes : Catherine Bouchetal
création son : Véronique Dubin
création lumière : Yoann Tivoli
régie générale : Edouard Frilet